Le réveil d'une génération? par Karin Lang du Délit 15 novembre 2005
Spring Awakening, ou la déception face au manque de réactions...
La pièce anglaise Spring Awakening, écrite par Frank Wedekind et mise en scène par Gabrielle Soskin, est à propos de nous, étudiants. De nos problèmes de coeur, de nos questionnements face à la vie, de nos rélations avec des adultes, de nos douleurs. Ces thèmes auraient dû m'enthousiasmer, mais je suis sortie dans un etat de presque indifférence. Étant allée voir cette pièce avec une amie passionée de théâtre, nous en avons beaucoup discuté pendant l'entreacte et un peu plus tard dans la soirée. Comment expliquer notre réaction?
La pièce prenant place a la fin du XIXe siècle avait un public bien indifferent de celui d'aujourd'hui. Il est tout à fait comprensible qu'à l'époque le public ait dû être extrêmement surpris, voire scandalisé par les thèmes abordés si explicitement par l'auteur. Du viol au suicide ou à l'avortement, it est évident qu'une société bien moins ouverte à la liberté des moeurs aurait éprouvé un sentiment des plus vifs au moment de la premiere répresentation.
Pour nous, toutefois, la situation est differente. Notre besoin d'être choqués et presque constamment divertis est devenu un désir inconscient. C'est un problème, je le reconnais, mais c'est aussi une realité. Assister à des scènes qui me paraissaient tout droit sorties de ma realité quotidienne ne me faisait pas rire, sursauter ou tout simplement vibrer. Rien n'était particulièrement hors du commun ou percutant. Juste une triste réproduction des problèmes que l'on peut rencontrer dans notre société d'aujourd'hui. Notre état blasé face à cela est regrettable, mais pourtant pratiquement impossible à réfréner.
Le théâtre ne doit-il pas justement nous faire sortir de notre quotidien, nous faire rêver ou nous faire hurler? Il doit en tous cas nous faire réagir. La mise en scène de Spring Awakening gardait une platitude qui laissait le spectateur détaché de ce qu'il voyait. Quand on pense au fait que le théâtre affronte de nos jours la concurrence de la télévision, du cinéma et d'autres grandes productions médiatiques, il se doit de garder une originalité: celle de communiquer directment avec son public. C'est peut-être cela qui manquait dans la pièce. Tout au long des trois heures je ne me suis sentie impliquée à aucun moment. Mon manque de réaction était presque ce qu'il y avait de plus étonnant. Peut-être que finalement la réaction face à la pièce n'était pas celle escomptée, mais toutefois intéressante à observer. Nous ne réagissions pas en face à ce que nous voyons, mais à ce manque de surprise face à des thèmes si cruciaux. C'est une réelle prise de conscience du fonctionement de la pensée de notre génération, même assez troublante je dois avouer.
Pour rendre justice aux acteurs, il est nécessaire d'indiquer qu'ils avaient un defi de taille à surmonter: l'absence de decors. L'acteur peut normalement se mouvoir sur un scene proposant un decor qui vient soutenir ses paroles et monologues. Dans cette pièce, il n'y avait rien d'autre que parfois une table ou un banc. Les acteurs ont su, par leur expression corporelle et leur présence sur scène, capter l'attention et véritablement prendre possession de leur espace. C'est sans aucune doute la plus grande qualité de cette representation.
La pièce prenant place a la fin du XIXe siècle avait un public bien indifferent de celui d'aujourd'hui. Il est tout à fait comprensible qu'à l'époque le public ait dû être extrêmement surpris, voire scandalisé par les thèmes abordés si explicitement par l'auteur. Du viol au suicide ou à l'avortement, it est évident qu'une société bien moins ouverte à la liberté des moeurs aurait éprouvé un sentiment des plus vifs au moment de la premiere répresentation.
Pour nous, toutefois, la situation est differente. Notre besoin d'être choqués et presque constamment divertis est devenu un désir inconscient. C'est un problème, je le reconnais, mais c'est aussi une realité. Assister à des scènes qui me paraissaient tout droit sorties de ma realité quotidienne ne me faisait pas rire, sursauter ou tout simplement vibrer. Rien n'était particulièrement hors du commun ou percutant. Juste une triste réproduction des problèmes que l'on peut rencontrer dans notre société d'aujourd'hui. Notre état blasé face à cela est regrettable, mais pourtant pratiquement impossible à réfréner.
Le théâtre ne doit-il pas justement nous faire sortir de notre quotidien, nous faire rêver ou nous faire hurler? Il doit en tous cas nous faire réagir. La mise en scène de Spring Awakening gardait une platitude qui laissait le spectateur détaché de ce qu'il voyait. Quand on pense au fait que le théâtre affronte de nos jours la concurrence de la télévision, du cinéma et d'autres grandes productions médiatiques, il se doit de garder une originalité: celle de communiquer directment avec son public. C'est peut-être cela qui manquait dans la pièce. Tout au long des trois heures je ne me suis sentie impliquée à aucun moment. Mon manque de réaction était presque ce qu'il y avait de plus étonnant. Peut-être que finalement la réaction face à la pièce n'était pas celle escomptée, mais toutefois intéressante à observer. Nous ne réagissions pas en face à ce que nous voyons, mais à ce manque de surprise face à des thèmes si cruciaux. C'est une réelle prise de conscience du fonctionement de la pensée de notre génération, même assez troublante je dois avouer.
Pour rendre justice aux acteurs, il est nécessaire d'indiquer qu'ils avaient un defi de taille à surmonter: l'absence de decors. L'acteur peut normalement se mouvoir sur un scene proposant un decor qui vient soutenir ses paroles et monologues. Dans cette pièce, il n'y avait rien d'autre que parfois une table ou un banc. Les acteurs ont su, par leur expression corporelle et leur présence sur scène, capter l'attention et véritablement prendre possession de leur espace. C'est sans aucune doute la plus grande qualité de cette representation.